Du côté de Bordeaux, salle comble pour Ségolène mercredi 15 octobre

Publié le par desirsdavenir17

Petite leçon d’économie à la mode Ségolène Royal. Alors que la crise financière a achevé de déconnecter totalement le congrès socialiste des attentes des Français, et que chaque écurie en lice pour l’OPA sur Solférino cherche à engranger les dividendes en gauchisant son discours, l’ex-candidate a délibérément fait dans le sérieux et le pédagogique, hier, face à une salle comble (quelque 800 militants) - et d’humeur plutôt studieuse - de la banlieue bordelaise. Car, expliquera-t-elle après coup dans sa loge, «le manque de visibilité du discours socialiste, la cacophonie nécessitait une parole structurée, forte, pédagogique. C’est un discours pour les gens, pas un discours pour le parti». Voire…

Prompteurs. Dans son propos d’hier, certes, pas un mot du congrès, ni la moindre allusion à ses camarades. Même si elle a employé davantage le mot de «socialisme» - près de vingt fois - que pendant toute sa campagne présidentielle… Mais si Ségolène Royal est socialiste, donc elle n’est pas libérale. «Le libéralisme est en échec, et c’est une bonne nouvelle», a-t-elle expliqué, plus sobre néanmoins que pendant sa visite à l’usine Ford de Blanquefort (Gironde), un peu plus tôt dans l’après-midi. Où, face à des salariés chauffés à blanc, elle avait tonné, sur un air révolutionnaire, contre «une caste de financiers qui s’en sont mis plein les poches» et exhorté au «rapport de forces entre capital et travail»…

De sa performance du Zénith de Paris, fin septembre, elle n’avait conservé, hier, que les deux prompteurs transparents. Pour le reste, elle a revisité le capitalisme financier mondialisé, remontant au thatchérisme et aux reaganomics, évoquant l’affaire Kerviel et la crise des subprimes, parlant «agences de notation» et «triple A». «Des termes un peu barbares : titrisation, produits dérivés, crédits interbancaires, bonus, hedge funds, traders, stock-options, règles prudentielles, créances toxiques, j’en passe et des meilleurs.»

Alors que le débat sur la position des socialistes sur le projet de loi de finances rectificatif continue de faire rage, exploité en vue du congrès, (lire ci-dessous), Ségolène Royal, elle, a résolument défendu l’abstention : «Parce que nous ne pouvons pas donner quitus à ce pouvoir. Parce que nous devons protéger les Français contre les risques de récidive.» Et de livrer ses «conditions» pour «aider le gouvernement à réussir», dont le «maintien des nationalisations partielles», les «sanctions contre les banquiers» défaillants, «la lutte contre les paradis fiscaux»,«la réforme des rémunérations des métiers de la financer»,«la mise sous contrôle des fonds d’investissement», la création d’une «banque publique destinée au financement des entreprises innovantes» et le «renoncement à la privatisation de la Poste».

Loge. Juste un petit cours de macroéconomie, donc, sans rapport avec la compétition socialiste. Et de prendre à témoin, après coup, dans sa loge : «J’ai pas parlé une seule fois de zizanie, des motions, du congrès.»

Envoyé spécial à Parempuyre (Gironde) David Revault D'Allonnes pour Libération


Publié dans Infos du jour

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